la mouche alexia vergès arnaud renaud félix back léo nivet armand koestinger une poésie si petite et avec une durée de vie si courte que si elle tourne autour de vous, vous aurez sûrement envie de la claquer alexia vergès à un parking hier peut-être avant-hier c’est l’orage et puis les carcasses de métal froides et rayées sous les dédales de la ville parking je te parle combien sont-ils que tu as vu sombrer jouir ivres plaqués sur le capot ou voler subtilement des bonbons de couleur par la fente d’une fenêtre mal fermée de qui as-tu été le témoin sous les néons épuisés qui as-tu vu mourir fauter fracasser sa bouteille dans un coin aux odeurs d’urine et de bière les caméras surveillent chaque personne qui entre en toi comme on se jette dans une fosse commune où tous pourrissent les uns sur les autres parking tu es un théâtre où les vieux clowns malades tard le soir se rejoignent pour rire et parier sur un tas de ferraille rouillée il est vrai qu’on dit que celui qui l’emporte repart avec le pactole mais que toujours il revient espérer gagner plus parking à la fois hôpital et prison tu sauves ce pauvre Christ errant qui cherche la sortie en récitant ses prières perdu en un sous-sol grâce à lui les aveugles recouvrent la vue lorsque les phares des voitures allumées s’éteignent pour leur ouvrir les yeux 3h43 on entend celles et ceux que tu caches derrière les stores qui s’abaissent ce sont les exilées les prostituées qui s’entassent les serpents les poètes qui clament et gravent leurs vers sur le bitume comme une épitaphe au milieu d’un cimetière arnaud renaud Yoga automatique dieu est notre plus grand que moi. faites une boucle avec les mains, et mettez-les sur la tête du sol. tenir le souffle est plus producteur d’énergie qu’un autre : l’expiration est un travail honnête, que le saint ramu disait. respirer lentement et régulièrement tout en pressant le pied gauche sur la cuisse sur l’épaule droite. c’est amusant, mais ne romps pas. note : ce qui se trouve à environ trois doigts au-dessous du nombril, devrait rester complètement sur le dos. espérons que ceux qui sont appréhendés par les yogis en samprajnata samadhi, mais je n’en suis pas partisan. ils acceptent des pots de vin, trahissent la confiance et ne possèdent jamais plus qu’un pot de céréales. cette énergie est nécessaire pour expérimenter l’existence humaine. donc, ce qui plaît vraiment. fermez maintenant vos oreilles avec les gouvernants musulmans. relâchez le cou et la vie des chefs de famille car il n’y a pas de fatigue générale. RDF pendant 1-3 min. Ω : IN, EX, mulbandh avec rétention poumons pleins, expirez maintenant. répétez la posture n’est pas sans peine. inspirez, retenez le souffle. ce n’est pas accompli. enchaîner avec sat kriya pendant 3 min. maintenant, expirez par les pieds. félix back L’œil vif, imperméable : moi transi comme l’enfant prêt à répondre, prêt à bredouiller mais le cœur cognant dare-dare, l’ouïe presque sourde et la main soudain tremblante, moi un peu fou, vert et culotté par une porte étroite, j’entre. La porte s’ouvre et c’est une grande découverte comme les grandes découvertes des livres d’histoire — une conquête, sans armes, sans cris. Une porte s’ouvre et ce qui n’existait pas existe désormais ; c’est un bourgeon ou l’audace d’un nouveau né : son premier souffle. Une porte s’ouvre : ce n’est qu’un courant d’air dans une pièce déserte, mais c’est déjà ça. J’ai ouvert la porte ; et j’ai dit quelques bêtises. J’ai dit : Les rues sentent déjà le printemps, les rues qui bordent les quais du fleuve sous les arbres aux branches encore nues — et pourtant les pollens suivent déjà les vents car ma mère a les yeux qui pleurent et elle se mouche dans un mouchoir. Nous sommes en mars, les rues chauffent au soleil comme en été, mais il neigera la semaine prochaine. J’ai dit : Regarde ; c’est le soleil derrière les nuages et il brille, et ne cesse jamais de briller, même quand le ciel est gris, quand la nuit est grave — il est sous ta paupière close, de l’autre côté de ton visage et il règle ton somme, car si la nuit te veille de sa lune, c’est encore que le soleil vit, et s’il vit ; pourquoi s’arrêter aux nuages ? On m’a fermé la porte au nez. léo nivet il va aux poubelles il ne va pas plus loin que la benne à verre lorsqu’il va aux poubelles il est souvent nu comme un ver parce qu’il n’y a pas de maison entre chez lui et la benne à verre quand la benne à verre est vide le bruit du verre qui tombe qui tombe sur le métal de la benne à verre est différent de celui du verre qui tombe sur du verre à la Toussaint alors que tout le monde fête tous les saints lui il préfère aller à la benne à verre car il n’a jamais vu de saint ni du côté de la benne à verre ni du côté de la rivière vers la benne à verre c’est une aire où personne ne va sauf lui qui erre pour vérifier que tout est là armand koestinger la planète rondouillette grosse barbe à papa du saint père nous y sommes collés comme des poux sur une boule rose bonbon ou rose jambon des millénaires que nous léchons ce sol monsieur mille sols que nous léchons et toujours aussi râpeux les nuages sans pitié nous marchent dessus les heures à leur guise vont et viennent assis sur mon tout petit et tout triste tabouret je compte les avions qui ne battent plus des ailes les manèges qui ont mal tourné je vois la terre qui se secoue souvent les puces à chaque jour sa dose d’apocalypse